(Publié dans La Comète d’Ab irato, n°7, décembre 1995)
La faiblesse de la subversion de la publicité telle qu’elle est pratiquée par les casseurs de pub, c’est qu’elle reste un moment de l’art d’économie mixte, c’est-à-dire d’un art qui, même quand il se veut subversif, ne vit que par les subventions publiques et le mécennat des entreprises privées.
Une association d’artistes américains, Media Foundation, a pris la saine habitude de détourner les images publicitaires qui encombrent les paysages urbains américains. Récemment, elle a lancé une offensive contre la campagne d’affiches d’American Express vantant les avantages des cartes bleues, par un détournement vigoureux et ludique des panneaux publicitaires en les transformant en contre-publicités pour « american excess », changeant le slogan initial « Don’t leave home without it ! » (Ne partez pas sans elle) en « Just leave home without it ! » (Partez sans elle !), et en remplaçant les personnages de l’affiche originale, forcément beaux-modes, jeunes-consommateurs, classe moyenne-cadre, par des américains moyens, obèses, mal habillés (c’est-à-dire comme tout le monde), les bras chargés de paquets (vraisemblablement du prisunic local). L’association pratique ce qu’elle appelle le « subvertising » (contraction de subversif et de publicité), qui consiste à faire la critique par le détournement des signes médiatiques utilisés par les publicités. L’association diffuse également par les radios des campus universitaires des contre-slogans publicitaires, car le « subvertising » détourne toutes les formes de publicité (jusqu’au spots télévisés).
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