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Du9 : Dorénavant a 30 ans


Capture d’écran 2016-01-19 à 12.45.07Après l’Éprouvette (l’Association) en 2006, le site Du9 consacre un copieux dossier à Dorénavant, une revue avant-gardiste en bande dessinée qui n’a pas fini de faire parler d’elle !

 


Dorenavant-dans-DU9Évènement

Du9,l’autre bande dessinée consacre un dossier à l’aventure Dorénavant en bande dessinée (intégrale des numéros publiés, entretiens avec les auteurs, contributions, etc.

Dorénavant (1986-1989) est une revue d’avant-garde en bande dessinée créée par Balthazar Kaplan & Barthélémy Schwartz, rejoints plus tard par Stéphane Goarnisson, Romuald Hibert et Yves Dymen.

Dorénavant / dorénaprès


Entretien de Jean-Christophe Menu et Barthélémy Schwartz, publiée dans l’Eprouvette n°2 (2006), autour de l’aventure de Dorénavant : une revue avant-gardiste en bande dessinée (1986-1989)

Jean-Christophe Menu – Qu’as-tu pensé en découvrant le n°1 de L’Eprouvette où était citée et développée l’aventure Dorénavant pour la première fois depuis des années?eprouvette2

Barthélémy Schwartz – De l’étonnement d’abord. Qu’on parle de Dorénavant en bande dessinée, c’est plutôt nouveau, j’étais plutôt habitué à ce que l’expérience soit occultée. Cela a été aussi un retour un peu brutal sur une aventure ancienne, tu sais que j’ai pris mes distances avec la bande dessinée plus ou moins après Labo, [1990] j’ai cessé de suivre, après, ce qui se faisait en bande dessinée, même si j’ai continué à m’intéresser au langage de la bande dessinée, à travers le collage par exemple. Je voulais passer à autre chose. Aussi y revenir d’un coup, aujourd’hui, cela me fait une impression un peu étrange. En même temps, il y a quelque chose d’intéressant, avec Dorénavant j’ai toujours eu l’impression d’être dans une sorte de «décalage temporel» en bande dessinée, cela m’intéresse, puisqu’on revient sur Dorénavant, de confronter ce qui a été fait avec aujourd’hui, en quoi c’est actuel ou au contraire dépassé. D’où mes grandes interrogations quand tu m’as envoyé le n°1 de L’Eprouvette, tout cela est remonté d’un seul coup !

Qu’est-ce qui t’a amené à revenir sur Dorénavant ? Et surtout, pourquoi après avoir privilégié l’aspect création dans L’Association, ce besoin pour toi aujourd’hui, avec L’Eprouvette, d’un retour à la réflexion et à la critique en bande dessinée?

JCM – Je pense que c’est un mélange de choses qui a fait apparaître ce retour de la critique dans mes préoccupations: des raisons personnelles (le tournant de la quarantaine, une remise en perspective de mon parcours, le fait que je doive terminer un Doctorat d’Arts Plastiques commencé il y a plus de quinze ans, un déménagement qui me permet d’avoir de nouveau accès à certaines archives … ); et des raisons extérieures, essentiellement le point d’orgue où en est arrivé le système de récupération-vulgarisation de ce que L’Association a contribué à faire exister depuis 1990. De toute évidence, depuis 2003-2004, on assiste au bouclage d’un cycle : la machine de la grosse édition-diffusion a intégré et digéré notre «alternative», et en arrive (en ayant incorporé tout ce qu’on lui opposait!) au même point de surproduction et de confusion que ce que nous avions connu à nos débuts à la fin des années 80. L’indigence et la médiocrité du microcosme BD n’ont pas disparu entre 1990 et 2003 (loin de là) mais on pouvait s’en tenir à l’écart. Le mouvement globalisant pour tout réincorporer dans une «BD» comme entité abstraite et pseudo-œcuménique nous remet malgré nous en position de réaction et d’opposition. Ajouté à cela quelques détails qui ne sont pas passés, et voilà le paysage dans lequel on rouvre l’armoire aux vieux fusils rouillés … Voilà comment j’ai d’abord écrit Plates-bandes, puis comment face à une prise de conscience assez large et encourageante, s’est créée L’Éprouvette. D’emblée, L’Éprouvette s’est retrouvée liée aux prises de position polémiques pré-Association de la fin des années 80 (Lynx, Globol, Labo), qui dans mon esprit et mon souvenir devaient beaucoup aux expériences Controverse et Dorénavant. Par ailleurs, il y avait STP, que je crois tu ne connaissais pas mais qui dix ans plus tôt élaborait des réflexions similaires. J’ai trouvé intéressant de tenter un panorama de ce qui avait alors parfois été appelé «ultracritique» (par Thierry Groensteen, notamment).

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