Archives du mot-clé spectacle

Où en est-on avec le mensonge moderne de masse ? (OT n°9, 2002)


(Publié dans Oiseau-tempête n°9, 2002)

otDu « spectacle », Guy Debord disait qu’il «  n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social  (1) entre des personnes, médiatisé par des images  » ; qu’il «  ne peut être compris comme l’abus d’un monde de la vision, le produit des techniques de diffusion massives des images. Il est bien plutôt une Weltanschauung devenue effective, matériellement traduite. [C’est-à-dire] une vision du monde qui s’est objectivée  ». De sorte que la critique des moyens du « spectacle » n’a de sens que si ce dernier est concrètement situé dans la société capitaliste. C’est pour ces raisons qu’il voyait dans le spectacle «  l’affirmation omniprésente du choix déjà fait dans la production  » et «  le modèle présent de la vie socialement dominante(2)  ». C’est le rôle du spectacle de travestir la nature capitaliste des rapports sociaux et, à l’intérieur de la division du travail, aux intellectuels spécialistes de toute sorte (journalistes, philosophes, experts, scientifiques, universitaires, sociologues, écrivains, artistes, etc.) d’élaborer les discours et les grilles de perception mentale qui permettront d’expliquer ces rapports sociaux en faisant abstraction de leur nature capitaliste. C’est-à-dire permettre à chacun d’avoir une opinion sur tout, sauf sur l’essentiel.

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Tous contre Godzilla ! (OT n°4, 1998)


(Publié dans Oiseau-tempête n°4, 1998)

À Hollywood, les professionnels du cinéma-spectacle travaillent à préparer les regards aux images chocs des gestions otrépressives des graves crises sociales, que tout annonce mais qu’on ne voit pas encore apparaître dans les métropoles occidentales. Le film Godzilla  (1) raconte, ainsi, l’histoire d’un dinosaure réapparu à notre époque, qui se réfugie à New York. La population entière de Manhattan est évacuée par l’armée américaine, qui envoie ses forces principales affronter le monstre, transformant ainsi New York en un immense champ de bataille. Godzilla incarnant le mal absolu, il est facile, derrière la métaphore, de remplacer la forme incarnée par le « mal » par une autre, pour aboutir sans effort à la mise en spectacle d’une guerre civile urbaine plus qu’à celle d’une guerre classique contre un ennemi extérieur.

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